Gualdtieri était un jeune Marquis passant ses journées à la chasse. Evidemment, cette vie idéale ne pouvait pas durer. Tout le monde l'emmerdait pour qu'il fonde une famille. Comme s'il pouvait mourir du jour au lendemain, ha !
Peut-être lassé par ce harcèlement, Gualdtieri céda sous la pression populaire et décida de philosopher en choisissant la fille d'un fermier pour épouse.
Et Griselda, puisqu'apparemment c'était son prénom, ne trouva pas de réponse plus adéquat que d'accepter.
Même si la noblesse de Gualdtieri ne l'aura pas empêché d'humilier en public la jeune femme déjà une fois, pour la forme.
Ainsi mariée au Marquis, la fille de fermier ne tarda pas à mettre au monde une fille, et quelques années plus tard un fils.
A chaque fois Gualdtieri estima qu'il valait mieux les tuer.
Et Griselda ne trouva pas de réponse plus adéquat que d'accepter.
Même si quand même, faudrait pas oublier que ce qu'on demandait au Marquis à la base, ce n'était pas d'avoir des gosses pour les jeter au fond d'un lac.
Toujours pas convaincu d'être suffisamment satisfait, Gualdtieri annonça à tout le monde qu'il avait obtenu du Pape le droit de répudier sa femme.
Et Griselda ne trouva pas de réponse plus adéquat que d'accepter.
Si même le Pape trouve qu'il y a à redire sur tout cela, alors autant retourner à la ferme.
Gualdtieri annonce donc qu'il se remariera avec une femme convenable, puisqu'il le doit, afin d'avoir un héritier digne de ce nom.
Et Griselda ? Et bien, comme d'habitude...
Et là même le petit peuple commençait à sérieusement s'indigner, parce que franchement faut pas déconner !
Le Marquis de Saluzzo demande à Griselda de s'occuper des préparatifs de son prochain mariage.
Et bien sûr, Griselda s'exécute.
Et même si le bon sens en aurait voulu autrement, on n'est plus à ça près.
Arrive donc la jeune fille de douze ans présentée comme la future Marquise de Saluzzo, accompagnée de son petit frère de six ans.
Et là enfin, Griselda demande au moins au Marquis d'être un peu plus sympa avec sa prochaine épouse.
Et quand bien même on pourrait faire durer le plaisir, Gualdtieri ne tient plus et sous couvert de délivrer une grande morale au monde sur la bonne façon de traiter les femmes, avoue enfin qu'il a menti sur le sort de ses enfants et de son mariage, et dévoile toute cette mascarade.
Texte détourné de l'œuvre moralement pas très claire de Giovanni Boccaccio, lisible dans le Décaméron.